Initiative de transmission vers l'espace en 2019

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Sachant que notre galaxie contient 200 milliards d’étoiles et probablement autant de systèmes planétaires, quelles sont les chances pour que d’autres formes de vie émergent et évoluent vers des civilisations technologiquement avancées ? Et si de telles civilisations existent, comment pourrions-nous leur signaler notre présence et communiquer ? Une soixantaine de scientifiques se réuniront le 18 mars à la Cité des sciences et de l’industrie (Paris) pour plancher sur ce casse-tête. Triés sur le volet, ils viennent d’horizons aussi différents que l’astrophysique, la paléontologie, l’étude des intelligences animales, la sociologie des sciences, la philosophie et même l’économie. "C’est le deuxième atelier de ce type que nous organisons à Paris, cœur européen de nos activités", explique Douglas Vakoch, président de METI international (Messaging Extraterrestrial Intelligence). Créée en 2015 à San Francisco (États-Unis) et financée par des fonds privés, c’est la toute première organisation qui se consacre à l’élaboration et à l’envoi de messages vers d’hypothétiques aliens. Alors que SETI (Search for Extraterrestrial Intelligence), basé en Californie, écoute depuis des dizaines d’années l’Univers pour détecter d’éventuels signaux extraterrestres, METI a donc choisi une approche plus active : "émettre des messages dans l’espoir de susciter des réponses", indique Douglas Vakoch.

Des stratégies innovantes pour établir un contact

"Nos objectifs demeurent hautement spéculatifs et d’une complexité abyssale, mais des progrès notables ont été récemment réalisés", témoigne Florence Raulin-Cerceau, membre de METI et historienne de l’exobiologie au centre Alexandre-Koyré à Paris. Près de 4000 exoplanètes ont ainsi été découvertes à ce jour, dont certaines ressemblant à la Terre et potentiellement habitables. "Nous avons désormais de vraies cibles !", se réjouit la chercheuse. Les scientifiques de METI s’efforcent, par ailleurs, de créer des messages beaucoup plus intelligibles que par le passé. "L’objectif de ces ateliers pluridisciplinaires est d’identifier des stratégies innovantes pour établir un contact, précise Douglas Vakoch. Nous cherchons notamment à découvrir un langage que des civilisations extraterrestres et nous-mêmes pourrions avoir en commun.

Les tentatives précédentes paraissent à cet égard bien naïves et anthropomorphes. En 1974, une équipe américaine utilisa ainsi le télescope d’Arecibo, à Porto Rico, pour transmettre le premier message interstellaire à l’aide d’ondes radio. Il était composé de 1679 bits d’informations binaires (composées de 0 et de 1). La cible, un amas de 500.000 étoiles, se situait à 22.000 années-lumière de la Terre… soit 44.000 ans à attendre (la durée d’un signal aller et retour) pour recevoir une éventuelle réponse ! En 1977, des vidéodisques furent cette fois embarqués dans les sondes Voyager de la Nasa lancées vers les confins du système solaire. Ils contenaient des images de la Terre, des bruits d’animaux ou encore des salutations prononcées en 55 langues dont le français… "Ces messages étaient un peu des bouteilles à la mer", relève Frédéric Landragin, linguiste et informaticien à l’École normale supérieure de Paris. S’ils existent, les aliens sont-ils seulement dotés des sens de la vue et de l’ouïe ?

Ou communiquent-ils chimiquement ? "Nous sommes dans une telle ignorance que toutes les hypothèses pourraient être défendues", reconnaît Jean-Pierre Rospars, spécialiste de l’évolution à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra). Tout juste pouvons-nous présumer qu’une vie extraterrestre reposerait elle aussi sur un milieu aqueux et sur la chimie du carbone, peut-être celle des acides aminés. "Les convergences évolutives observées sur Terre laissent également espérer que d’autres formes de vie et d’habitats pourraient produire des intelligences relativement semblables à la nôtre", avance le biologiste.

Un message avec ses clés de compréhension

L’universalité des lois de la physique fournit aussi des pistes. Les rayonnements électromagnétiques existant dans tout l’Univers, les extraterrestres pourraient utiliser les mêmes phénomènes que nous, telles les ondes radio. "Nous avons du mal à imaginer une civilisation technologique qui ne soit pas fondée d’une manière ou d’une autre sur des connaissances scientifiques et sur la logique, celle-ci apparaissant comme un moyen privilégié pour tenter de communiquer", poursuit Jean-Pierre Rospars. Un problème de taille concerne toutefois la compréhension des messages, la logique mathématique pouvant engendrer une multitude de constructions impénétrables si l’on n’en possède pas la clé. Si des extraterrestres débarquaient demain sur notre planète, nous pourrions essayer, en "face à face", d’établir un langage de base. Un peu comme dans le film Premier Contact (2016), où l’héroïne utilise des gestes de pointage pour introduire un à un les termes d’une compréhension réciproque. Or les étoiles les plus proches se situent à plusieurs années-lumière : les temps de réponse sont donc beaucoup trop importants pour construire un vocabulaire commun avec des processus d’essais et d’erreurs. "Sur des telles distances, assure Frédéric Landragin, la seule solution est d’envoyer un message autoexplicatif possédant en lui-même les clés de sa compréhension."

Les chercheurs de METI se sont fondés sur ce principe pour expédier il y a un peu plus d’un an leur première "missive". Grâce au télescope EISCAT, situé en Norvège, ils ont transmis 18 mélodies sous forme binaire en utilisant des impulsions radio à deux fréquences différentes (929 et 930,2 MHz). Et ce de façon répétée les 16, 17 et 18 octobre 2017, afin que les éventuels destinataires y voient un signal artificiel et non un quelconque "bruit de fond". "La musique peut être décrite par la physique et les mathématiques, rappelle Douglas Vakoch. Si les aliens sont insensibles à l’harmonie des notes, ils pourraient au moins être intrigués par les relations qui existent entre elles." Et pour les aider à déchiffrer ce puzzle, un "tutoriel" a été transmis au début de chaque signal. Il s’agissait, tout d’abord, d’enseigner notre mode de comptage en émettant une impulsion radio, puis deux, puis trois, etc. Et d’introduire ensuite, en jouant notamment sur le nombre et la durée des impulsions, une arithmétique et une trigonométrie de base. Assez d’informations, en théorie, pour décrire ce que sont des ondes sinusoïdales à l’aide des ondes elles-mêmes ! "Il existe ainsi une relation directe entre le contenu et la forme de ces messages", se félicite Douglas Vakoch.

Une réponse en 2042… peut-être 

Quant à la cible, il s’agit d’une exoplanète rocheuse (GJ 273b) découverte quelques mois auparavant située à 12,4 années lumière. Une réponse nous parviendra peut-être… en 2042 ! D’ici là, METI compte envoyer une kyrielle d’autres messages, le prochain étant prévu fin 2019. "La cible ne sera choisie qu’au dernier moment tant les découvertes sont foisonnantes dans le domaine des exoplanètes", indique Douglas Vakoch. "Ces transmissions devront peut-être être réitérées vers des milliers voire des millions d’étoiles avant d’aboutir. J’espère toutefois détecter une intelligence extraterrestre de mon vivant", ajoute l’astrobiologiste, l’optimisme chevillé au cœur.

 

Faut-il craindre une invasion extraterrestre ?

Pour certains scientifiques, minoritaires, envoyer des messages à d’hypothétiques aliens représenterait un danger pour l’humanité. "S’ils nous rendent visite, la situation sera sûrement la même que lorsque Christophe Colomb a débarqué en Amérique. Les choses n’ont pas bien tourné pour les autochtones", avait ainsi prévenu en 2016 le célèbre astrophysicien britannique Stephen Hawking, décédé en 2018. Selon l’astrobiologiste américain Douglas Vakoch, président de METI (Messaging Extraterrestrial Intelligence), l’argument ne tient pas : "Une civilisation qui aurait la capacité de voyager jusqu’à la Terre pour nous attaquer saurait déjà que nous existons, les ondes radio et hertziennes utilisées pour nos télécommunications signalant notre présence depuis près d’un siècle. " Faudrait-il cesser toute transmission de peur d’être repérés ? "Ce n’est guère envisageable", répond Danielle Briot, astronome à l’observatoire de Paris. Pour elle, la recherche d’autres formes de vie et d’intelligences dans le cosmos est légitime, motivée par notre soif de connaissances : "Si elle devait aboutir, ce serait la plus grande découverte scientifique de tous les temps. Même si les chances sont infimes, nous n’avons pas le droit de ne pas essayer."

Autre expérience depuis 2001

en 2001 une expérience similaire a été faite à Beaucourt par Patrick Bourquin et depuis cette date, des messages sont envoyer dans l'espace.
Ce qui fait que les premiers messages sont à 18 années lumières de notre planète, et ces émissions continue dans l'espoir d’être reçus.

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