La télévision numérique terrestre (TNT) permettra aux foyers raccordés à une antenne "râteau" (soit plus des trois quarts des foyers français) de recevoir une offre de plus dune trentaine de chaînes publiques et privées, nationales et locales en qualité numérique. Le procédé numérique permettra de faire passer cinq ou six chaînes par fréquence, là où lanalogique ne permettait den faire passer quune seule.
Les téléspectateurs auront donc un choix plus large de chaînes et, ultérieurement, de services interactifs (météo, informations, trafic, services bancaires, achats et réservations, offre demplois, guide des programmes, etc...).
Pour recevoir les chaînes numériques, les foyers devront équiper leurs postes de télévision dun adaptateur (dun prix qui devrait être compris entre 80 et 100 euros) et, pour moins de la moitié des habitats collectifs et individuels, dadapter les antennes râteaux classiques (pour un coût moyen de 60 euros par foyer). Il sera également possible de bénéficier de loffre de la TNT via lacquisition dun téléviseur numérique intégré. Plus de la moitié des nouvelles chaînes seront disponibles gratuitement.
Les principaux avantages de la TNT pour le téléspectateur sont : - laugmentation du nombre de programmes de télévision ; - la qualité accrue de limage et du son ; - les services associés (guide électronique des programmes, services interactifs complétant les programmes diffusés) ; - pour certains foyers, la possibilité de recevoir les programmes sans avoir à raccorder le récepteur à une antenne.
Le Conseil supérieur de laudiovisuel (CSA), lors de son assemblée plénière du 8 juin 2004, a fixé les dates de lancement de la télévision numérique terrestre (TNT) :
- 1er mars 2005 : début des émissions des chaînes en clair et de Canal+ pour son programme en clair, avec un délai maximal dun mois ;
- 1er septembre 2005 : début des émissions des chaînes payantes et de Canal+ pour son programme réservé aux abonnés, avec un délai maximal de six mois.
Le CSA a également indiqué que le démarrage de la TNT seffectuerait grâce à la mise en service, en mars 2005, des 17 premiers sites permettant de couvrir environ 35% de la population française (les principales agglomérations desservies seront Paris et la région parisienne, Bordeaux, Brest, Lille, Lyon, Marseille, Niort, Rennes, Rouen, Toulouse et Vannes). La mise en service dautres sites permettra de couvrir 50% de la population en septembre 2005 (avec 32 sites), 65% à la fin du premier semestre 2006 (avec une soixantaine de sites) et un total de 80 à 85% de la population en 2007 (avec environ 115 sites).
:: La télévision
numérique terrestre (TNT) : un nouveau mode de diffusion de programmes de
télévision
La norme de compression MPEG-2, actuellement seule autorisée, ne permet pas, compte tenu des ressources radioélectriques allouées aux chaînes de la TNT, la diffusion de chaînes au format haute définition. En revanche, la mise en oeuvre de la nouvelle norme MPEG-4 (AVC) offrirait des gains de compression suffisants pour diffuser une partie des chaînes en haute définition.
À la suite de la remise au Gouvernement de deux rapports sur ce sujet lun du Conseil général des technologies de linformation en septembre dernier et le second de M. Daniel BOUDET de MONTPLAISIR en octobre, le Premier ministre a confirmé le 8 novembre dernier lutilisation de la norme MPEG-2 pour le déploiement des chaînes gratuites de la TNT.
Lettre de mission confiée par le Premier ministre, M. Jean-Pierre RAFFARIN à M Daniel BOUDET de MONTPLAISIR sur les modalités dintroduction et de développement de la télévision haute définition et de la télévision à destination des portables.
Rapport de M. BOUDET DE MONTPLAISIR sur la télévision numérique et la télévision haute définition
Rapport du CGTI sur la télévision numérique terrestre.
En effet, seule cette décision permettait, non seulement de respecter le calendrier retenu par le CSA pour le déploiement de ces chaînes, à savoir entre le 1er et le 31 mars 2005, mais surtout doffrir aux téléspectateurs des adaptateurs à bas prix, le prix des adaptateurs étant un facteur clé de la réussite du lancement de loffre en clair de la TNT. Les adaptateurs MPEG-4 présenteraient en effet un surcoût de lordre dune centaine deuros sans amélioration de loffre pour les foyers, dans un premier temps tout au moins.
En revanche, sagissant de la norme de compression utilisée par les chaînes payantes, le Premier ministre a demandé le 8 novembre dernier à la direction du développement des médias dexaminer, en étroite concertation avec le CSA, les modalités dintroduction de la télévision en haute définition sur la TNT.
Communiqué de presse du Premier ministre, 8 novembre 2004
Au vu des conclusions de ce travail, le Premier ministre a confirmé que la haute définition devait trouver sa place sur la diffusion hertzienne, qui constitue aujourdhui le seul mode de réception de la télévision pour plus des deux tiers des foyers français. Pour atteindre cet objectif, le Gouvernement consultera prochainement la Commission européenne et le CSA sur un projet de modification des arrêtés des 24 et 27 décembre 2001 relatifs à la TNT fixant les caractéristiques des signaux émis et des équipements de réception. Ces modifications prévoiront que la norme de compression MPEG-4 sera rendue obligatoire pour la diffusion des chaînes payantes de la TNT et des chaînes en haute définition. Le Premier ministre a par ailleurs annoncé que le Gouvernement et le CSA examineraient le calendrier dintroduction de la norme MPEG 4 sur la TNT.
Communiqué de presse du Premier ministre, 23 décembre 2004
Le choix de la norme MPEG-4 pour la diffusion des chaînes payantes libérera des ressources hertziennes sur les multiplexes planifiés pour la TNT. Ces ressources permettront dautoriser de nouveaux services - par exemple des services locaux - et de développer la haute définition et les services de télévision sur terminaux mobiles, services qui font actuellement lobjet dune mission confiée par le Premier ministre à Daniel BOUDET de MONTPLAISIR.
Le CSA donne le coup d'envoi de la TNT
Le Conseil supérieur de
l'audiovisuel donnera officiellement vendredi le coup d'envoi du déploiement de la
télévision numérique terrestre en France, un projet en chantier depuis 1986.
Après l'annonce faite vendredi, les différents opérateurs intéressés, publics ou
privés, disposeront d'un délai d'un an pour commencer à émettre en numérique. Par la
simple adjonction d'un décodeur à 150 euros, les téléspectateurs français seront
alors en mesure d'accéder à 22 nouveaux canaux nationaux, soit 33 chaînes, puisque le
numérique permet de faire passer cinq ou six chaînes par canal.
Si le CSA s'est engagé à annoncer vendredi "le plan de développement et de mise en
oeuvre" de la diffusion en numérique, la date exacte de lancement des chaînes
numériques ne sera annoncée que six mois à l'avance. En tout état de cause, les
émissions en numérique devraient commencer fin 2004 avec l'objectif de se déployer peu
à peu sur l'ensemble du territoire français. Selon les indications données par le CSA,
la TNT couvrira 35% de la population lors de son lancement sur 17 sites situés dans
treize villes. En mars 2005, la couverture passera à 40% de la population, puis à 60% à
la fin 2005, pour atteindre 80% fin 2007.
Comparé à la technique analogique, le numérique offre une meilleure qualité d'image et
de son, une simplicité de réception et d'utilisation et un élargissement de l'offre,
notamment gratuite. Selon Dominique Baudis, président du CSA, "la TNT se
généralise en Europe" et "la volonté de la France de s'inscrire dans ce
mouvement européen est plus que légitime". Mais, avant le démarrage, le CSA devra
résoudre la délicate question de la répartition des 22 canaux nationaux consacrés à
cette nouvelle technique entre les différentes chaînes candidates.
Le problème est en partie simplifié par la décision du gouvernement, annoncée
mercredi, de renoncer à deux des trois canaux qu'il avait préemptés. "Nous
considérons que le nombre de chaînes en clair, de chaînes gratuites, est un élément
déterminant dans le succès de la télévision numérique", a indiqué par ailleurs
Dominique Baudis. Cependant, le CSA n'a pas jugé possible d'attribuer les 22 nouveaux
canaux nationaux uniquement à des chaînes gratuites. Cela aurait exigé, selon le
Conseil, qu'"un volume important de recettes publicitaires télévisuelles se
réoriente rapidement au profit de la TNT".
Le bouquet gratuit de la TNT sera donc composé d'une quinzaine de chaînes, dont six
chaînes privés récemment sélectionnées par le CSA. En ce qui concerne les deux canaux
(consacrés à des chaînes gratuites) qui sont remis en jeu par la levée de la
préemption gouvernementale, le CSA n'a pas voulu s'avancer. Yvon Le Bars, l'un des
membres du Conseil, a indiqué qu'ils "allaient réunir les éditeurs publics
concernés pour voir leurs aptitudes et leurs souhaits concernant le regroupement proposé
dans la lettre (du gouvernement) et (qu'ils allaient) délibérer au début de l'année
pour un nouvel appel à candidature pour des chaînes nationales".
En ce qui concerne la question des canaux de la TNT réservés à la télévision
commerciale, qui apparaissait souvent comme une impasse faute de volontaires, elle est,
selon M. Baudis, "en train de se résoudre". A cet égard, le président du CSA
a cité "une entreprise connue sur le secteur", dont il n'a pas voulu donner le
nom. Pour sa part, la chaîne cryptée Canal+ avait confirmé au Conseil qu'elle serait
présente sur la TNT dès son lancement. La chaîne présentera vendredi au Conseil ses
intentions en matière de distribution commerciale.
La diffusion de programmes en numérique présente de nombreux avantages, non seulement pour les téléspectateurs, mais également pour tous les professionnels du petit monde de l'audiovisuel.
Quels sont les avantages de la TVNT par rapport aux autres supports de diffusion numérique ?
- le numérique accessible à tous
La télévision numérique est encore aujourd'hui un luxe dans notre pays. Il est en effet impératif de s'abonner à un bouquet du satellite ou du câble pour accéder à un large éventail de programmes francophones. Très peu de chaînes françaises diffusent actuellement en numérique clair. Même nos grandes généralistes hertziennes sont cryptées dans leur version numérique (sauf France 5 et ARTE sur ASTRA).
Cette politique du tout payant (c'était déjà le cas en analogique) freine considérablement le développement du satellite et du câble, donc de la télévision numérique, malgré les succès commerciaux de Canalsatellite et de TPS. Le grand public hésite aussi à s'équiper pour la réception satellite car l'installation d'une parabole lui semble compliquée (souvent par manque d'information). En conséquence, peu de foyers français (20 % environ) sont équipés d'une parabole ou reliés au câble.
Le numérique hertzien présentera l'avantage de pouvoir être reçu immédiatement chez les téléspectateurs sans aménagement particulier, à l'aide des antennes râteaux déjà installées sur les toits. L'achat ou la location d'un décodeur externe ou d'un téléviseur numérique sera toutefois nécessaire pour un accès à la TVNT.
Dans les zones très proches des émetteurs, on pourra même se passer des antennes extérieures et utiliser des antennes intérieures (réception portable). Ce sera le cas par exemple à Paris, couvert par l'émetteur de la Tour Eiffel.
- une opportunité pour les opérateurs
80% des foyers français reçoivent la télévision par le biais d'un râteau. Le potentiel de la TVNT est donc énorme et les opérateurs en sont conscients. La TVNT va ouvrir le réseau hertzien à de nouveaux opérateurs (Pathé, Lagardère ou encore AB), qui sont donc favorables à ce nouveau mode de diffusion. En revanche, les opérateurs historiques (TF1, M6, Canal) sont plus réservés. En effet, ils voient leur "monopole" brisé et devront prochainement partager le spectre hertzien avec d'autres acteurs. Mais ils ne bouderont pas pour autant la TVNT car elle représentera un potentiel d'audience non négligeable.
Une chance pour les opérateurs "indépendants" : le CSA, qui désignera les futurs opérateurs en numérique hertzien, laissera peut-être une chance (contrairement au satellite) aux chaînes qui ne sont pas contrôlées par les "grands" que sont TF1, M6, Canal, Lagardère ou encore AB.
- un support idéal pour les programmes régionaux
La TVNT sera le mode de diffusion idéal pour des décrochages régionaux ou le développement des petites chaînes locales, qui sont aujourd'hui très rares en analogique, faute de fréquences et de cadre juridique encourageant leur création et leur viabilité.
- pour l'Etat : des programmes plus contrôlés
Les Etats n'ont pratiquement aucun contrôle sur la télévision par satellite, qui diffuse à une échelle internationale. Comme pour la télévision hertzienne analogique, le CSA tranchera pour l'attribution des nouvelles fréquences et pourra mieux surveiller la programmation des chaînes. Système avantageux pour l'Etat, mais pénalisant pour les téléspectateurs et les opérateurs privés... car plus de contrôle, c'est moins de liberté !
- pour l'industrie électronique
Nos actuels téléviseurs ne sont pas conçus pour la réception du numérique terrestre. La disparition inéluctable de la diffusion analogique accélérera sans aucun doute le renouvellement du parc des téléviseurs. En outre, des décodeurs externes seront mis en vente pour recevoir les programmes numériques sur les téléviseurs analogiques. Une aubaine pour les industriels.
Soyons objectif : la TVNT présente certains inconvénients... par rapport au satellite notamment.
- des adaptations parfois nécessaires
Dire que toutes nos antennes râteaux sont adaptées à la réception numérique est un mensonge. Les expérimentations qui ont eu lieu en Bretagne (voir la TVNT en France) ont montré que 10 % des antennes devront être changées pour recevoir la future TVNT. Mais ce pourcentage reste faible, comparé à nos voisins anglais. Au démarrage de la TVNT outre-Manche en 1998, 40 % des foyers n'ont pas pu recevoir les programmes numériques.
- un passage au numérique PRESQUE gratuit
Le passage au numérique ne sera pas gratuit puisqu'il faudra acheter/louer un terminal ou un téléviseur conçus pour le numérique terrestre. La réussite de la TVNT dépendra en grande partie du prix de vente/location de ces nouveaux matériels. L'Etat donnera-t-il un coup de pousse ?
De plus, certains programmes seront payants. Des opérateurs envisagent de lancer des petits bouquets de chaînes et services.
- un nombre de fréquences toujours limité
Si le satellite offre toujours plus de fréquences à ses adeptes, le nombre de canaux en numérique terrestre ne sera pas extensible (le câble souffre également de cette limite) : environ 33. C'est toujours mieux que 6 ou 7 chaînes analogiques. Le CSA tranchera pour l'attribution des fréquences : c'est moins de liberté que le satellite !
Cette limitation des fréquences et le coût de maintenance du réseau de TDF feront que la diffusion hertzienne continuera à être très coûteuse pour les opérateurs, si on la compare à une diffusion satellite, où un seul émetteur suffit pour arroser une vaste zone, ce qui explique l'explosion actuelle des chaînes... Il faudra continuer à entretenir un réseau de nombreux émetteurs et réémetteurs pour couvrir un territoire complet. Mais l'avantage par rapport à l'analogique est que ce coût sera partagé entre plusieurs canaux, ce qui permettra de réduire sensiblement son impact, en le divisant par 5 ou 6, sur chacune des chaînes concernées (Télé Satellite de Juillet 1999, P.9). De plus, la nouvelle loi sur l'audiovisuel, votée en juin 2000, a mis fin au monopôle de TDF. La concurrence du privé (Towercast ou Antalis par exemple) va donc encore abaisser les coûts de diffusion.
- une couverture PRESQUE totale
La TVNT couvrira environ 40 à 50 % de la population, dès l'ouverture des réseaux. En théorie, les 6 réseaux planifiés atteindront à terme au moins 80 % de la population. Cette extension de la couverture se fera très progressivement. Mais dans certaines zones, la TVNT ne sera jamais reçue, pour des raisons techniques ou économiques. Le satellite sera ici la seule solution pour recevoir la télé numérique.
Chaînes de télévision de la TNT française |
Les chaînes gratuites : TF1 | France 2 | France 3 | Canal+ (en clair) | France 5 | M6 | ARTE | Direct 8 | W9 | TMC | NT1 | NRJ 12 | La Chaîne parlementaire | France 4 | BFM TV | i>Télé | Europe 2 TV | Gulli |
Les chaînes payantes : TPS Star | Paris Première | Canal+ Sport | Canal+ Cinéma | AB1 | Planète | TF6 | Canal J | LCI | Eurosport | Canal+ (en crypté)Canal+ - Wikipédia |
En conclusion de ce chapitre, on constate que la TVNT ne concurrencera probablement pas les autres supports de diffusion que sont le satellite et le câble. On parlera plutôt de complémentarité entre eux :
- complémentarité dans leur contenu :
Le satellite, avec sa profusion de canaux, propose des programmes très ciblés. Il restera le royaume des thématiques.
Le câble sera plutôt réservé aux transmissions à haut débit (Internet, téléphonie, vidéotransmissions...) et à la télévision numérique dans les zones très urbanisées.
La TVNT proposera des programmes plus généralistes. L'offre sera en majorité gratuite, contrairement aux autres supports de diffusion.
-complémentarité dans leurs zones de diffusion :
Les trois modes de diffusion ne sont pas accessibles partout, mais il y en aura (presque) toujours un pour pouvoir capter les émissions en numérique. Le câble par exemple est absent de nos campagnes. Quant au satellite, il ne peut être reçu lorsqu'un obstacle important cache le sud (une montagne, un immeuble...).